Je me suis levée ce matin avec un sentiment d’urgence. Car je craignais d’avoir oublié quelque chose
J’avais pourtant tout rangé la veille, et bien expédié les dernières lettres, rempli tous les contrats et signé les procurations.
Depuis que j’ai été prévenue, je n’ai plus eu une minute de libre, que dis-je plus seconde à moi. Mais je n’ai averti personne.
Envolé l’ennui, qui m’habitait jusque là. Puisque je devais partir, il me fallait donc me préparer.
Je fus gênée, au détour d’un couloir, par une famille en pleurs. Mais je n’avais pas le temps de m'attarder, aujourd’hui, plus de temps à perdre.
Mon sourire avait du les surprendre, les gêner même ; car je les vis se détourner, comme offensés.
Quand ils avaient été affectés, ils savaient pourtant que leur séjour se terminerait un jour.
Pourquoi embarrasser ainsi leurs proches, qui ne tarderaient pas à les rejoindre d’ailleurs ; car personne n'était censé rester.
Pourquoi ces faces de carême ?
Pourquoi gâcher ainsi leurs derniers instants ensemble ?
Car tout avait déjà été prévu dès le départ
Leur seule inquiétude devrait résider dans l’échec possible de leur mission.
Je me dirigeai vers la salle d’attente mais n’y arrivai pas,
Tout doucement comme un arbre qui tombe, lentement,
Dans un ralenti que je pourrai qualifier de parfait, je rejoignis le sol,
J’étais condamnée, je le savais depuis deux ans déjà,
Mais ce ne serait pas demain, c’était aujourd’hui que je devais partir !