Le Soleil des damnés écrit par Julien GUenou (aux Editions Oasis)
Julien Guenou est à la fois écrivain et Juriste., Ce serait amputer l’homme d’une part importante de sa valeur que de ne pas signaler que, lourdement handicapé, il a pu au prix d’efforts surhumains se tenir debout et marcher. Il estime que tout comme lui, l’Afrique peut aussi le faire. Il essaie donc, depuis des années ,d’initier un projet d’autosuffisance alimentaire pour son pays d'origine, le Togo.
Après nous avoir séduit avec Le Bonheur à l’arraché, dont la facture était plus contemporaine, l’auteur semble ici partir à la recherche de l’Afrique des origines. Ce roman est le début d’une Saga Africaine, commençant par la description du paradis perdu. Une Afrique réhabilitée, où les Dieux anciens ramenés à la vie, défieraient les colonisateurs et les vaincraient. Un combat inégal, mais que l’imaginaire rend victorieux. Car l’Africain, Adam, ne croquerait pas la pomme d’Eve, représentée par l’Occident. Le titre « le Soleil des Damnés », semble nous inviter à un voyage ésotérique, mais dont nous ne possédons pas la clé. Car tout est dans la transmission des traditions et des coutumes, révélées uniquement aux initiés qui s’en montreront dignes.
L’écriture y est fluide, légère car le rêve guide la plume. C’est un pur joyau de la tradition orale, retranscrite aussi fidèlement qu’il était possible de le faire, avec de simples mots. Aussi dès les premières lignes, nous nous trouvons plongés dans la plus pure tradition du Conte Africain. Cet art qui se doit, tout comme dans un Conte des Mille et une nuits, de maintenir en haleine son auditoire, soir après soir, jour après jour. Comme si la vie même du Conteur en dépendait. Chaque déroulement, est inattendu, chaque chute surprenante, chaque phrase émeut, Comme des enfants, nous voilà suspendus aux lèvres du narrateur, qui nous entraine dans son monde, un monde fantastique et fantasmagorique, tout à l’aube des premiers temps, quand l’homme et la nature ne faisaient qu’un. Nous sommes ainsi témoins d’ une Afrique déflorée et décérébrée peu à peu, par une civilisation qui lui est étrange et hostile.
Chantal Sayegh-Dursus