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26 juin 2009 5 26 /06 /juin /2009 10:26

 « Il est interdit de vieillir » par Henry Chapier aux éditions Publibook

 

 

 

 Le livre, Il est interdit de vieillir,  pourrait sembler être la philosophie de l'auteur sur le refus de la fuite du temps. Alors qu’à contrario, il  y fustige le racisme anti-âge. 

Cette signature de l’esprit,  se manifestait déjà, quand, à  30 ans,  en équipe avec son ami Léopold Survage, il réalisait le reportage Un jeune peintre de 87 ans. Ce qui était prévu, au départ,  pour être une simple interview. Mais quand on attend  la cerise, Henry Chapier nous offre   le gâteau.

Ses idées et ses concepts d’émissions ont été pillés, mais  sa créativité intellectuelle est toujours aussi vivace. Sa carrière a été une immense aire de jeu,  où il s’est fait de nombreux amis puisqu’ il estime que chaque jour qui passe,  il faut prendre le risque de s’en créer de nouveaux.

 

Dans cet ouvrage, il  se porte contre une époque où les actifs sont effacés des organigrammes, à cause d’une date fictive de préemption. Ce sont des bibliothèques qui vont au pilon, alors que les jeunes générations ne les ont pas encore lues. Il préconise donc l’expatriation  à ceux qui  veulent poursuivre leur carrière, car il estime que nulle part ailleurs qu’en France, les séniors ne sont l’objet d’un tel ostracisme.  Bien qu’il accepte l’usure du temps et reconnaisse la célérité avec laquelle les plus jeunes s’adaptent aux nouvelles technologies.

Il ne se pose pas, non plus, en donneur de leçon, car il peut affirmer avec conviction une chose et, l’instant d’après, son contraire :

«…  lorsque la solitude devient une souffrance, le processus de sublimation stimule la création et favorise la naissance d’une expression artistique …»  et  

«  L’amour devient la meilleure des drogues, en décuplant notre énergie, nos facultés intellectuelles et nos talents ».

Mais cette contradiction, apparente,  nous démontre simplement le dynamisme d’un esprit qui s’adapte à toutes les situations.

Dans son livre Henry Chapier dénonce le machisme ambiant qui veut, qu’en France, une éditorialiste de télévision de valeur  ne puisse être que belle et aguichante ; contrairement au modèle américain, qui pour une fois n’est pas copié. Et il estime que dans son émission, Divan, le respect des invités allait de soi, contrairement  à la période actuelle où les détails croustillants  sont recherchés à tout prix.
 

Il faut rappeler  qu’il fut aussi bien un  critique frondeur et sans  concession dans sa rubrique dans Combat, qu’un homme de cinéma, de télévision et de radio, sans oublier ses reportages sur les campus  américains dans les années 60, ou sur les Black Panthers. Ce qui ne lui empêche pas d’apprécier les « rave parties », car on y danse et qu’il y a de la musique techno. Bien que ses seuls anabolisants soient restés le café et la vitamine C.


Grâce à  son emploi actuel à la Maison Européenne de la Photographie, il peut enfin transmettre, comme à l’époque de ses années de Professorat

Et à 76 ans, il  nous offre la recette de la jeunesse de l'esprit :

« …un nouveau départ dans la vie quel que soit l’âge représente le meilleur moyen d’échapper à une exclusion sociale prématurée »

 

Les textes sont courts, les phrases concises et mordantes, les exemples concrets.
Henry Chapier  pourrait être l’emblème du Japon, le cerisier,  dont la fleur ne se fane jamais.
Ce livre est une transmission ; celle  d’une dynamique de vie et de pensée.
Le petit livre bleu devrait être gardé sur toutes les tables de chevet et pourrait être remboursé par la Sécurité Sociale et les Mutuelles.

 

 

Chantal Sayegh-Dursus

 

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commentaires

C
Merci d'avoir écrit l'un des plus beaux papiers que je n'aurais même pas rêvé de lire sur ce petit brûlot ! En toute amitié.Henry CHAPIER 
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P
<br /> <br /> Ce brûlot,  dont la flamme est alimentée par l'expérience de toute une carrière, éclairera, je l'espère une époque où l'ostracisme anti-senoirs handicape une nation toute entière.<br /> Surtout à une époque où l'on parle de repousser l'âge de la retraite à 70 ans. Mais j'estime que c'est un choix personnel, basé sur l'intérêt et la pénibilité de la vie professionnelle<br /> de<br /> chacun. Mais que je souhaiterais facilement repousser même au delà; tant que la dernière maladie mentale à la mode ne nous frappe pas.<br /> <br />  <br /> <br /> Cordialement<br /> <br /> <br /> <br />
T
Je me souviens de cette émission pionnière ... ! Non seulement c'était un concept nouveau, mais la délicatesse était le mot d'ordre ... Loin, très loin, du voyeurisme et de l'agressivité actuels. Un bel hommage, bien mérité !S'agissant du racisme "anti-vieux" qui s'exprime jusque dans le taux de chômage, il est clair qu'il est lié au culte "libéral" de la performance (dans la quantité, pas forcément dans la qualité), mais sans doute aussi à la montée des comunautarismes et des regroupements tribaux encouragée par la perte progressive du patrimoine culturel commun, jusque dans le langage, dans nos vieux pays. Les "jeunes", surtout ceux qui n'ont ni référence ni valeur autres que l'argent, forment des tribus.Valéry nous l'avait dit : les civilisations sont mortelles !Bien amicalementThéo
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P
<br /> <br /> Bonjour Théo,<br /> Nous sommes malades de toutes nos exclusions: femmes, troisième âge, raciales. On nous présente comme idéal un modèle body-buildé de 25 ans, avec 10 ans d'expérience. qui ne présente pas<br /> nécessairement la réalité de diversité, de compétence et de richesse de notre civilisation actuelle. <br /> Mes amitiés<br /> <br /> Chantal<br /> <br /> <br /> <br />
G
Chère Chantal, Votre papier sur le livre "Il est interdit de vieillir" d'Henry Chapier est jubilatoire et est un véritable chef d'oeuvre du genre ! Il est évident que vous ne faites pas partie de ces journalistes qui ne font qu'à peine parcourir un ouvrage avant d'en faire la critique, souvent pour descendre en flèche - de façon parfois injustifiée - le travail d'un auteur qui méritait mieux sans pour autant crier au chef d'oeuvre.Votre papier sur le livre d'Henry Chapier est remarquable autant pour son style qui attache littéralement, dès les premières lignes, vos lecteurs à vos basque , que sur le fonds où vous excellez avec une aisance étonnante en analysant sans les trahir, les pensées de l'auteur de façon si intelligente que son caractère chirurgical apparaît comme une pierre précieuse au service de votre plume !Bravo pour cette performance journalistique que les très nombreux talents d'Henry Chapier méritent à plus d'un titre car elle permettra à un plus large public d'apprécier, en lisant ce livre, que la culture associée à l'intelligence, à l'élégance littéraire et à l'art de l'écriture ne sont pas de vains mots. 
Répondre
P
<br /> <br /> Je vous remercie pour cette critique si chaleureuse. Mais le personnage est attachant. Je n'ai volontairement pas cité une seule fois le mot " Journaliste", afin que ce soit le lecteur qui<br /> découvre et déduise lui-même qu'il était l'un des meilleurs.<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Quelques échantillons littéraires personnels, mais surtout des coups de coeur pour des auteurs ou des artistes, dont l'oeuvre ou les écrits m'ont interpellé ; ainsi que des entrevues avec des personnalités du Monde de la Culture.
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