Le sentier disparaissait sous les herbes folles.
Seul son creux dans le sol guidait encore mon pied.
Une toile d’araignée, fine comme de la soie,
me poudra le visage.
Un lièvre apeuré fila dans un buisson
Les arbres me faisaient un toit d’émeraudes,
Que le soleil là-haut faisait toutes briller.
Je suivais cette sente où me portaient mes pas,
Caressant au passage une branche cassée.
Une laie suivie de quatre marcassins
Allant d’un trot alerte me barra le chemin
Je m’écartai d’un saut sur un arbre coupé
Et m’y juchai tel une équilibriste.
J’évitai son regard et baissai même les yeux,
Car trop de place déjà je prenais dans son monde.
J’encombrais sa forêt de ma personne oisive.
Je caressais les arbres, évitais les fourmis,
Me faisant nuage dans cet espace sauvage.
Mon esprit libre de toute contingence,
Se laissait guider par seulement l’instinct.
Comme le plus petit être de cette forêt touffue,
Je me fiais au vent.
Il m’apportait des senteurs inconnues,
La sève de l’arbre à la branche cassée,
Maintenant je la sentais,
Comme une blessure ouverte,
Qu’il tentait de cicatriser en la coagulant.
Une biche cherchait là-bas son petit.
Il croquait non loin d’elle de tous jeunes bourgeons.
Dans un creux un renard surveillait une pie,
Et sa robe se mariait à celle de la forêt.
Car nous étions déjà arrivés fin Septembre
Et toutes ces teintes chaudes
Me faisaient ressentir les premières vibrations du cœur de l’automne.
Comme une tapisserie fine
Que j’essayais de fixer dans mon esprit folâtre
Ces touches de couleur,
Que je voudrais copier sur une toile toute blanche.
Sans nul dessin, juste des sensations
Les sensations diffuses d’un après-midi de Septembre