Il avait hésité. Ce n’était qu’une vague connaissance. Mais tout de même ! Les gens étaient de plus en plus pingres de nos jours ! Il avait été surpris qu’à l’enterrement de sa grand-tante ; elle qui s’était tant dévouée pour la communauté, qu’il n’y ait pas eu la moindre couronne ; uniquement quelques ternes bouquets rachitiques. Alors au diable l’avarice. Il avait choisi une magnifique composition blanche. La mère de la petite serait touchée.
Comme il était sur le point de payer, il se ravisa et demanda :
« Ajoutez-y un bandeau.»
Cela lui coûterait un peu plus cher, mais tant pis.
La cérémonie avait déjà commencé ; le son de l’orgue résonnait sous la voute, mais les pompes funèbres semblaient en retard.
Il se dirigea vers l’hôtel, afin d’y poser la couronne.
De somptueux bouquets blancs débordaient des vases.
Soudain, il entendit le son d’une marche nuptiale et leva les yeux. Un vieux beau tenait amoureusement par le bras une jeunette, qui ne semblait pas être sa fille.
Surpris, il tenait encore à bout de bras ; comme une offrande vers la mariée, son énorme couronne de lys blancs, barrée de magnifiques lettres dorées :
« Nous enterrons un ange. »