Je me suis rendu compte que des textes de cet ouvrage, pré-publiés sur le site Charlie Enchainé ( Revue de Presse du Canard Enchaîné et de Charlie Hebdo) m'avaient valu mon contrôle fiscal en 2011, quand l'inspectrice du Trésor m'en a cité des passages entiers ( Contrôle diligenté ? Et par qui ? )
Eh bien oui, en France aussi, il faut payer pour avoir le droit d'exprimer tout haut ce que...
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BIENVENUE dans un monde étrange, où la réalité et la fiction se croisent, s’entrechoquent, se confondent parfois. Ce monde, c’est peut-être le nôtre, celui de demain, celui d’hier, celui d’aujourd’hui. Il est dans l’air du temps.
L’atmosphère qui se dégage des nouvelles de Chantal Sayegh-Dursus évoque bien sûr 1984, de George Orwell, mais plus irrésistiblement encore celle du Meilleur des mondes, d’Aldous Huxley. Ce roman d’anticipation, qui décrit une société hyper-hiérarchisée, aseptisée et artificialisée, publié pour la première fois en 1932, demeure plus que jamais d’actualité.
Au sortir de la seconde guerre mondiale, en préface d’une réédition de son ouvrage, Huxley écrivait :
« À tout bien considérer, il semble que l’Utopie soit beaucoup plus proche de nous que quiconque ne l’eût pu imaginer, il y a seulement quinze ans. À cette époque, je l’avais lancée à six cents ans dans l’avenir. Aujourd’hui, il semble pratiquement possible que cette horreur puisse s’être abattue sur nous dans le délai d’un siècle. (...) En vérité, (...) nous n’avons le choix qu’entre deux solutions :
ou bien un certain nombre de totalitarismes nationaux, militarisés, ayant comme racine la terreur de la bombe atomique, et comme conséquence la destruction de la civilisation (ou, si la guerre est limitée, la perpétuation du militarisme) ; ou bien un seul totalitarisme supranational, suscité par le chaos social résultant du progrès technologique rapide en général et de la révolution atomique en particulier, et se développant, sous le besoin du rendement et de la stabilité, pour prendre la forme de la tyrannie-providence. »
Les périls de notre siècle ne se nomment plus seulement Hiroshima, Nagasaki et Tchernobyl, mais aussi OGM, nanotechnologies, 11 septembre ou encore Facebook... Doit-on pour autant n’envisager l’avenir que par son côté obscur ?
Libérée de tout manichéisme, l’écriture de Chantal Sayegh-Dursus est empreinte de contrastes, tantôt d’une palette de couleurs pastel, tantôt de teintes gris clair-gris foncé, jamais en noir et blanc. Si les constats sont souvent amers, douloureux parfois, un optimisme réjouissant point çà et là :
« Les semences non génétiquement modifiées ressurgissaient, partout, en cette terre nouvelle et allaient permettre de nourrir la multitude. La reconstruction allait pouvoir commencer. Les énergies renouvelables s’imposèrent. » (Reprogrammation)
« La solidarité remplaçait désormais la défaillance des États à pourvoir au bien-être de chacun. Et ce fut la fin de la civilisation des gadgets et du développement effréné. La société postindustrielle était enfin née. » (Dilemme)
Charlie enchaîné a eu le plaisir de pré-publier la majorité des textes du présent recueil. Ils ont apporté une véritable fraîcheur littéraire à ce site à vocation satirique. Les voici à présent réunis dans cet ouvrage cohérent, qui ne saura pas laisser son lecteur indifférent.
Les dix-huit textes incitent à la réflexion, ils n’affirment ou n’imposent aucun parti-pris, et dépeignent parfois des points controversés de l’actualité.
Certains récits, bien que fictifs, nous renvoient vers un avenir probable et démontrent l’interconnexion entre les choix, les actions des hommes et le monde tel qu’il se dessine chaque jour.