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Nous partîmes en Caravelle, à destination d’Orly et voyageâmes en première classe. Le Champagne nous fut offert. Mais notre mère refusa que nous les enfants en buvions:
_ Ce ne sont que des enfants, un verre de jus de fruit fera l’affaire !
Nous restâmes deux jours en transit, dans une suite d’un grand hôtel parisien, et y découvrîmes la cuisine gastronomique française.
La longueur du jour nous surpris car, la nuit tombait, chez nous à dix huit heures, alors que le soleil brillait encore à vingt et une heures, car nous étions en été.
Notre père, qui étudiait alors, à Cachan, vint nous voir. Il nous paya des glaces et les petits bateaux du jardin du Luxembourg.
Pendant ce transit, nous visitâmes également le Louvre avec des amis de ma mère et vîmes la Tour Eiffel.
Partout « Des amoureux s’embrassaient sur les bancs publics… », et la mode était aux tailles de guêpes pour les femmes.
Nous prîmes un vol intérieur pour Toulouse. Je feuilletai les journaux mis à notre disposition : Alain Delon venait d’épouser Nathalie, malgré l’amour qu’il disait encore éprouver pour Romy. Je trouvai cette histoire aberrante et époustouflante.
Ma mère commença à nous mettre en garde. Ici, nous ne devions parler à personne, connue ou inconnue, à part à notre propre famille. D’ailleurs, ici les gens étaient différents. Nous ne devions laisser voir aucun objet de valeur. L’une de nos compatriotes, ayant une natte descendant jusqu’aux haut des cuisses, s’était retrouvée avec une coupe à la garçonne en sortant du métro. Tel autre, en attendant le train, s’était fait pousser, sous les rails, par quelqu’un à qui sa tête ne revenait pas. Aussi elle insistait :
_ Attention, attention, les enfants, ici nous ne sommes pas chez nous. Il y a de nombreux crimes irrésolus et les criminels peuvent être n’importe qui, nous répétait-elle encore et encore.
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