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Ici l’alimentation n’était pas identique, nous devions nous adapter. Ma mère m’envoyait faire des courses :
_ Rapporte-moi des poireaux, je les ferai en vinaigrette, s’il n’y en a pas, prends des asperges, ce n’est pas mauvais non plus.
Nous cherchions en vain des piments, ma mère en trouva chez un fleuriste. Ils étaient rouges et ronds. Mais, ils n’avaient vraiment pas le même goût que ceux de chez nous ; ils ne ne piquaient pas. Ce sont des piments de France décrétâmes nous. Nous plaçâmes la plante fleurie au milieu de la table de la salle à manger et en cueillions à l’heure des repas.
Nous trouvâmes des burgaux sur le marché, ils ressemblaient aux vigneaux que nous connaissions et avaient sensiblement le même goût. En outre leur prix était très abordable. Ma mère commanda trois cornets à la marchande. Celle-ci les pesa et les mis dans du papier Kraft. Nous en reçûmes chacun un.
Les passants nous regardaient, surpris, alors que nous les dégustions, comme des cacahuètes. C’était une rareté au pays.
Les poissons, fades et laids, pour la plupart, nous laissaient perplexes, jusqu’au jour où nous découvrîmes, enfin, les grondins ; car, chez nous, un poisson de qualité se devait d’être rose.
En Guadeloupe les bonbons se disaient, sucres et les gâteaux, bonbons. Ma première incursion chez la boulangère me dérouta. Des gâteaux magnifiques, non commandés d’avance, trônaient toute la journée à la devanture. Ayant eu mon argent de poche, et bien vérifié que j’avais l’appoint, je m’y aventurai :
_ Bonjour Madame, je voudrais un bonbon.
_ Non, aujourd’hui je n’en ai pas, mais passez dans quelques jours.
Je battis en retraite, regardant les deux joues rosées de l’énorme pêche fourrée à la crème que je convoitais.
Le lendemain, décidée à ne pas m’en laisser compter, et sans laisser à la commerçante le temps de s’exprimer ; désignant la pêche d’une main, et lui tendant la monnaie de l’autre, je lui dis d’un ton péremptoire :
_ Bonjour Madame, je voudrais acheter ce bonbon, s’il vous plaît.
_ Je vous ai reconnue, me répondit-elle, nous avons des bonbons aujourd’hui. Combien de grammes en désirez-vous ?
_ Pas la peine de le peser, lui répondis-je, je prends tout.
Quels rapiats ! Pensai-je, vendre les bonbons (gâteaux) au gramme. Qui l’eût cru ?
Je réalisai par la suite qu’il me restait encore beaucoup à apprendre sur les usages de l’endroit.
Les poulets étaient très bon marché, donc nous en mangions très souvent.
Henri IV avait gagné son pari.
Les gâteaux secs étaient vendus au poids, nous en achetions pour le thé.
Ce Thé, quelle découverte ! Ma tante nous y initia ; nous qui n’en prenions, d’habitude, sous forme de tisane, que lorsque nous étions brûlants de fièvre.
Le vin du pays était peu alcoolisé et à un prix raisonnable; cela nous changeait du vin de table. Afin de nous ouvrir l’appétit, nous en consommions un doigt à chaque repas.
(…)
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