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Ma grand-mère, malheureusement, ne l’entendait pas de cette manière. Elle avait décidé, en plein vingtième siècle, de m’inculquer le code de bonne conduite des filles de la famille du siècle passé : aucune robe ou jupe au-dessus du genou ; me faire très discrète quand nous recevions, ne prendre d’aucun plat que je ne sache manger, dégager ma gauche quand on venait me servir, dégager ma droite quand on me desservait, sauf pour le vin, servi à droite, l’usage et la liste des différents couverts, ne laisser sur les côtés de l’assiette que les avants bras, auparavant elle exigeait les poignets, ne jamais couper sa salade, ne manger avec les doigts que si la maîtresse de maison m’y invitait, ne jamais m’asseoir ou commencer avant elle, ne pas plaisanter avec les domestiques ; attendre les demandes en mariages, ne pas me précipiter sur les garçons (comme si je le faisais).
En effet, l’éducation des filles était, très élaborée et celle des garçons réduite à la plus simple expression, voire carrément machiste. Ce qui faisait, qu’au moment du mariage, celles-ci voyaient souvent se présenter devant leurs chaussons de satin des godillots boueux ; soit elles sautaient le pas en se voilant les yeux, soit elles choisissaient le célibat, tout en attendant un hypothétique prince charmant. C’est certainement pour cette raison que l’arrivée des S.M.A [1] de Métropole, professeurs ou médecins, jeunes gens de bonne famille, avait crée, à son époque, une importante hémorragie de jeunes filles à marier. Les Iliens, jeunes gens à l’époque, s’en souviennent encore, comme d’un grand camouflet.
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