J’ai ricané en classe, aussi pour cet après-midi je dois présenter dix cubes en papier kraft en guise de punition. J’avale mon repas et m’y mets immédiatement.
Quelle folle cette maîtresse ! Dix cubes pendant l’heure du déjeuner. Je me dépêche. Flute ! Je n’ai plus que dix minutes pour me rendre à l’Ecole.
J’ai décidé de prendre un raccourci et dévale l’escalier en pente du cordonnier qui me gronde. Mais j’y suis bien obligée, car il raccorde deux rues : la départementale et celle du bord de mer où se trouve mon Ecole. Sinon mon trajet serait nettement plus long. J’arrive haletante et dépose mon sachet de cubes sur le bureau. La maîtresse me toise du regard et me morigénère.
Je repense encore aujourd’hui à ces dix cubes de mon enfance expédiés en bien moins d’une heure. Y arriverai-je encore aujourd’hui ?
A cette époque les punitions corporelles n’étaient pas encore bannies de l’Education Nationale. Alors, l’institutrice essayait, avec une tige de bambou, de nous faire entrer dans la tête l’analyse logique et grammaticale, ainsi que de combler nos lacunes en calcul.
En passant entre les rangs, elle s’arrêtait à notre hauteur et alors commençait l’interrogation. À la moindre erreur, un coup de bâton en bambou s’abattait sur le malchanceux. Si les erreurs étaient nombreuses, plusieurs en rafale. Parfois même elle s’acharnait sur certains d’entre nous. Sous l’effet de la douleur et de la terreur nous désapprenions nos règles grammaticales et étions dans l’état d’esprit de condamnés à mort exécutés au hasard.
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Photo selon :
http://lafesseillustre.blogspot.com
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