J’avais redoublé mon CP, bien que sachant lire, car de santé fragile ; la sieste de l’après-midi m’étant indispensable.
J’appréciais beaucoup ces deux années, qui se déroulèrent dans cette petite classe privée mixte, du style « petite maison dans la prairie », avec des élèves d’âges différents, ainsi que l’institutrice, que j’appelais « Maîtresse ». Mais comme j’assimilai mal le calcul, ma mère lui en imputa à tort la faute. Il fut donc décidé que j’irais, l’année suivante, à l’Ecole Communale de filles ; où je fus admise, après des tests de passage, en CE1.
Nous étions dans une classe de quarante cinq élèves. J’étais, maintenant seule responsable de moi-même, et entrepris un troc de petit-déjeuner et de goûters avec une gamine potelée, dont la mère vendait de la confiserie créole, composée de sucres à coco à tête rose et de doucelettes. J’apportai avec moi, par précaution, une timbale en plastique à soufflets afin de ne point me tremper les pieds en me servant de l’eau aux robinets extérieurs.
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Une fois l’an, les institutrices du primaire organisaient la remise en état des bureaux des différentes classes. J’y appris le nettoyage de mon petit pupitre avec de la craie dont je le barbouillais d’abord, puis le raclant ensuite avec du papier de verre, afin d’en faire disparaître toute tâche, puis le ponçant entièrement avec une autre feuille d’un grammage plus fin.
Quand tout était terminé, l'on mettait un petit napperon en papier buvard ou en papier kraft autour de l’encrier en porcelaine blanche, puis on le remplissait d’encre violette. Le bureau était ainsi protégé pendant un certain temps.
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