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A cette même époque, j’avais entrepris un jardin potager d’un mètre carré environ, près d’une grosse pierre, à l’arrière de l’habitation. Mais toutes les plantes sauvages et herbes prolifiques que j’y rapatriai afin de nourrir mon lapin; elles qui persistaient à survivre aux différents sarclages et arrachages, y périrent de façon irrémédiable. J’abandonnai donc, dès mes huit ans, toute velléité agricole pour ne plus me consacrer qu’à la lecture des magazines que la bonne d’enfants me prêtait. Nous Deux, Intimités et Confidences remplacèrent ainsi mes livres de la Bibliothèque Rose et verte. Je me cachai sous le lit de la chambre de mes grands parents pour m’adonner à cette nouvelle passion. Mais, j’eus vite fait de me lasser de ces histoires où le devenir amoureux des femmes semblait fort incertain, car seul l’homme pouvait choisir, et qu’il le faisait toujours apparemment sans logique apparente et à la dernière minute.
Pour mes goûters je délaissai peu à peu les tartines de confiture ou les tablettes de chocolat au lait pour réaliser des sandwichs de chiquetaille de morue hautement assaisonnés de cives et de piments de notre jardin, et confectionnai mes propres snow-balls avec des glaçons pillés et du sirop de grenadine, d’orgeat ou de menthe.
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