Je m‘ennuie. j’ai la tête toute embrouillée. Le temps est triste et je ne fais rien…
C’est dimanche. Nous sommes allés à la messe ce matin. Depuis …plus rien !
Les fourmis ont fini de transporter toutes les miettes de pain que je leur avais données. Maintenant, la journée s’étire. Tout semble s’être arrêté, figé, bloqué, dans un ruban d’ennui qui semble infini. Mon désœuvrement total amplifie mon mal-être. Ou est-ce mon mal-être qui rend cette journée si terne, si insipide ? …J’ai douze ans !
Que vais-je porter demain ? J’ouvre la petite armoire en bois blond confectionnée par le menuisier de la commune et contemple ma garde robe. Mes chaussures y gisent tout en bas, et toutes les paires sont défoncées ; à cause de mes parties de ballon prisonnier bien évidemment. Les seules encore intactes sont les vernies du dimanche.
A ce rythme là, a dit ma mère, il t’en faudrait une nouvelle paire tous les quinze jours. Aussi demain, tu iras en classe en sandales.
À moins que …subrepticement.
Bonne-maman me voit en plein délit de désœuvrement et m’encourage à commencer un canevas :
« Cela t’aidera à tuer le temps. »
Tuer le temps ! Je me souviens d’une élève de ma mère qui est morte de maladie en pleine adolescence. Sur les murs du salon de sa mère d’immenses canevas étaient fièrement exposés.
« Elle les a fait quand elle était désœuvrée, pour tuer le temps… »
Brrr…Dieu me préserve de tuer le temps. Je préférerai toujours le perdre que de le tuer.
Cette pensée m’a redonnée le moral. Allons ! Je trouverai bien quelque chose à faire !
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