Nous étions dimanche. La messe était terminée. Maman nous annonça qu’avant de rejoindre le Carbet nous devions nous rendre chez l’oncle Félix afin de lui souhaiter, à lui ainsi qu’à son épouse, nos vœux de Nouvel An. (…)
L’oncle Félix était en fait un grand-oncle par alliance qui avait épousé l’une des sœurs de notre grand-mère paternelle. Aucun enfant n’était né de leur union. Ils vivaient tous deux dans une maison de ville, en ciment, de deux étages; un petit immeuble haut et étroit, de couleur crème, situé dans le bourg, face au Commissariat. Chaque niveau était ceint d’un balcon en pierre. Au rez-de-chaussée, il y avait un grand garage, et à l’arrière, tout contre l'immeuble, un bâtiment en bois d’un étage ; qu’il louait au Collège où ma mère enseignait. (…)
En arrivant chez l’oncle Félix, nous trouvâmes également des cousins issus de germains ; petits enfants d’une des autres sœurs de ma grand-mère paternelle. Et nous fîmes la queue afin de lui formuler nos vœux.
C’était une visite agréable et plaisante, car notre grand-oncle, un homme haut et mince, d’allure affable et débonnaire, avec de longs cheveux frisés et tout ébouriffés, coiffés à l’Afro, bien avant que la mode ne fut importée des Etats-Unis, nous accueillit à bras ouverts.
Il faisait de larges gestes afin de ponctuer tous ses propos. A côté de lui était assise son épouse, une petite dame menue et souriante qu’il tenait amoureusement par la main et qu’il appelait « ma douce ». Je fus assez étonnée, non car que je n’avais jamais vu mes parents se comporter de la sorte, mais parce qu’ils avaient tous deux plus de soixante dix ans.
Quand ce fut mon tour, je lui souhaitais bonheur et santé, comme me l’avait dicté ma mère. Il m’embrassa affectueusement et je me dirigeai ensuite vers son épouse.
Je fus étonnée en repartant de m’apercevoir qu’il m’avait glissé dans la main une enveloppe contenant une très belle carte de vœux.
Mais quand j’arrivai à la maison, comme je l’ouvrais afin de l’admirer, j’y trouvai glissé un billet de deux mille francs [trois euros]. Je n’avais jamais auparavant possédé une telle somme. C’était… deux cent fois mon argent de poche de la semaine. Mon jeune frère de trois ans mon cadet avait, lui, reçu mille francs. Cela représentait une somme encore plus importante pour lui qui n’avait que trois ans.
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