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Je me souviens pardessus tout de la fin du jour à « La Regrettée » ; quand la terre, encore chaude des ardeurs du soleil, est brusquement refroidie par l’arrivée du crépuscule, qui tombe à dix-huit heures précises.
La nature exhale en ces minutes toutes les senteurs des fleurs et des plantes.
Je me remémore de l’heure où, entre chien et loup, quand, chahuté par les alizés, le bruissement du feuillage, qui frôle les chambres, me chuchotait comme une douce musique, les bruits d’une nuit apaisante qui envelopperait mes rêves.
Je crois encore entendre le claquement du vol des chauves-souris ; s’extirpant de leurs cachettes diurnes, pour aller se rassasier des fruits sucrés du petit bois de La propriété.
Je me rappelle de l’instant où « les belles de nuits » déploient leurs corolles odorantes et que tous les criquets commencent à chanter.
A cette heure privilégiée où les volets n’ont pas encore été fermés, je me couche sur le lit des mes grand-oncle et tante et sens le souffle de la nuit pénétrer mes narines et me caresser la joue.
Je me laisse alors envahir par un sommeil léger que la clochette du dîner interrompra.
Parfois, aujourd’hui encore, oublieuse du temps et du lieu, je me crois revenue à l’époque de mon enfance à « La Regrettée » ; quand profondément endormie, je suis réveillée par le bruit du train qui passe au loin, et réalise soudain qu’il n’y a pas de train à « La Regrettée ».
Je comprends aujourd’hui que cette maison de « La Regrettée », grâce à la bienveillance des parents que j’y ai côtoyés, restera pour toujours mon point d’ancrage dans l'île.
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