Après avoir pris avis auprès de la maison-mère, le Directeur financier accepta sa démission. Bizarrement, loin d’éprouver une quelconque déception, Emma se sentit comme libérée ce jour-là, et commença à mettre à jour tous les dossiers non-urgents qu’elle refoulait au fond de ses tiroirs et dont elle remettait le traitement, jour après jour. Après avoir minutieusement rangé son bureau, elle créa même des livres de procédure pour l’informatique, la statistique et les États financiers.
Une comptable vietnamienne qu’elle avait au départ prise pour l’aider et qui en fin de compte ne répondait plus qu’au Directeur Financier semblait se réjouir de son départ. Comme elle avait passé deux mois à la former à son arrivée, elle la remplacerait peut-être.
Après tant de fatigue accumulée son organisme se relâcha d’un coup, et ce jour-là Emma resta clouée au lit avec plus de 39° de fièvre. Elle en avisa le bureau. C’était la première fois qu’elle s’absentait depuis son entrée en fonction. Mais il était écrit qu’elle ne se reposerait pas ce jour-là. Après avoir reçu plusieurs appels téléphoniques énervés et courroucés du Financial Controller, elle décida de décrocher son téléphone, s’emmitoufla dans ses couvertures et s’endormit du sommeil du juste, tout en souriant à la pensée qu’il n’avait qu’à la faire licencier s’il n’était pas satisfait.
Le lendemain il l’accueillit d’un air penaud dès la porte d’entrée. Apparemment sa lune de miel avec le Directeur Financier était terminée. Ce dernier s’adressait maintenant à lui d’un ton sec ; le mettant maintenant quasiment sous ses ordres à elle, et il demanda à Emma de mettre à jour ses dossiers, car, le lendemain, le Directeur Général et un financier de la maison mère seraient dans leurs bureaux. Il l’informa également qu’il faudrait se séparer de la Comptable qui ne remplissait aucune des attributions que l’on attendait d’elle.
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