Danseuse créole
(…) Cette même année, la musique rythme la vie de l’île. Dans le bourg de Trois-Rivières, un groupe de jeunes gens ; munis de guitares, d'instruments à percussion et de trompettes, s’entraine avec acharnement.
J’ai cru entendre qu’ils n’ont aucune notion de solfège et même jamais appris à jouer de ces instruments. Mais ce qui est certain, c’est qu’ils ont au moins l’oreille musicale et beaucoup de talent ; en tout cas beaucoup plus que je n’en n’aie tiré de mes sept années de solfège et de piano.
D’entrainement en entrainement, ils sont peu à peu sollicités pour jouer dans les fêtes patronales, à la Messe du dimanche matin, lors des fêtes communales. Ensuite ils ont été vite très demandés pour les petits bals payants « toufé nyens nyens[1] » de la commune et de ses environs.
De nombreux autres orchestres spontanés comme le leur agrémentaient la vie culturelle de l’île.
Certains de ces groupes arrivent à une qualité de son si parfaite qu’ils sont sollicités par les différents producteurs de disques locaux. Mais s’ils y gagnent en gloire, les sommes qui leur sont offertes sont insignifiantes, dérisoires même, et servent à peine à l’entretien et au renouvellement de leurs instruments.
C’était ainsi que se développait la musique en Guadeloupe dans les années 60.
(…) Au début des années 70, les chansons érotiques étaient diffusées en boucle sur les canaux hertziens. Mais elles étaient généralement proscrites dans les soirées ou les boîtes de nuit. Cependant, de temps à autre, l’une d’entre elles arrivait à se faufiler entre deux morceaux. Les îliens longuement absents ou les métropolitains fraîchement débarqués étaient convaincus, en les écoutant, que le département vivait sous l’emprise du stupre et de la luxure, et que seul l’érotisme occupait les esprits. Et pourtant, ce n’était pas les plus salaces qui étaient diffusées, car beaucoup ne survivaient pas à la censure. Nous le sûmes, quand avec quelques amis, nous nous rendîmes à l’O.R.T.F, et qu’un photographe de l’antenne nous fit écouter certaines perles qui leur avaient été envoyées, mais qu’ils avaient choisi de ne pas diffuser.
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