À 4 ans, quand elle commença à déchiffrer La Méthode Boscher, on la mit en cours préparatoire, car sur son île papillon la maternelle n’existait pas encore.
D’une main elle tenait un petit cartable dans lequel était soigneusement rangés la précieuse Méthode Boscher, deux cahiers : l’un pour le calcul, l’autre pour le français, ainsi qu’une ardoise. Dans un plumier en bois étaient alignés un crayon à mine, une gomme, deux bâtonnets de craie blanche et une petite éponge.
De l’autre main elle tenait une toute petite valise en carton contenant un encas pour la récréation.
C’était une petite classe privée, tenue par une veuve. L’enseignement se faisait dans une grange, ouverte sur le devant, qui avait une allure d’étable. Y étaient également scolarisés des enfants de classes pouvant aller jusqu’au CM2.
La maitresse tenait ses ouailles d’une main de fer, et seule la chute des lychees du grand arbre de la cour suspendait pendant quelques courts instants l’attention de tous. Alors, l’institutrice les envoyait ramasser et les entreposait dans un bol, afin de récompenser les plus méritants.
Tous ses cours, toutes classes confondues, commençaient par :
« Qui a découvert l’Amérique ? »
Les premiers jours, la fillette imaginait son île recouverte par un très lourd drap en toile, avant que le très méritant Christophe Colomb ne la découvre enfin. Ce qui justifiait certainement la reconnaissance éperdue que tous semblaient lui porter et la nécessité du rappel quotidien d’un si important évènement.
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