L’énergie nucléaire était devenue incontournable. Tous étaient conscients qu’elle réduisait la facture énergétique de plus de soixante-dix pour cent.
Un pays qui laisserait passer une telle opportunité compromettrait à jamais toute possibilité future de s’assurer une place honorable dans le Concert des nations.
Quand la vague submergea le Japon et fit exploser la Centrale, tous compatirent, mais c’était là un fait isolé, rarissime, improbable dans tout autre pays. D’ailleurs, là-bas, ils avaient connus maints autres raz-de-marée catastrophiques et menaces identiques. Ce n’était malheureusement pas la première fois, et ce ne serait certainement pas la dernière.
L’Inde prudemment reporta puis annula ; supputant qu’un pareil séisme ou du moins un simple tremblement de terre sur un terrain instable où devrait s’implanter un site nucléaire produirait une catastrophe encore plus désastreuse. Cette sage précaution produisit peu d’émules. Ce ne fut considéré que comme un manque à gagner pour les installateurs de Centrales et un immense pas en arrière pour la modernisation du pays.
Pourtant le Grenelle de l’Environnement aurait permis dès 2007 une prise en compte de ces énergies non recyclables, un désengagement progressif aurait encore été possible à l’époque, comme cela fut le cas dans deux pays phares de la Communauté européenne, qui ne souffrirent pour autant, de par ce choix, ni dans leur croissance économique, ni de la remise en cause de leur place au sein du G8.
Mais à l’époque dont nous parlons les lobbys du nucléaire, tout puissants, ainsi que ceux des pétroliers dictaient leurs Lois dans le domaine de l’énergie. Les rares chercheurs qui se lancèrent dans la recherche d’énergies de remplacement furent assurés, en ce temps-là, de ne connaître de leur vivant aucun changement significatif mettant en application leurs avancées pourtant non négligeables.
L’hexagone n’était-il pas le seul pays qui pouvait offrir au Monde entier une facture nucléaire civile de pointe; permettant ainsi un pas significatif vers une énergie dite propre.
Il pouvait non seulement installer, mais aussi traiter les déchets et grâce à ses avancées technologiques supérieures ; plus novatrices que celles de tout autre pays, et aider également à démanteler l’ensemble des Centrales arrivant en fin de vie.
Certains écologistes se battirent pourtant pour que nul résidu nucléaire ne fut enterré, du moins pas dans leur voisinage immédiat, lorsque le producteur hexagonal chercha plus de trois mille sites pour l’enfouissement des déchets traités. Ils furent sans aucun doute ensevelis dans des terres vierges ; dont les peuples ne bénéficiaient encore d’aucune implantation de cette énergie de pointe. N’avait-il pas été convenu de payer pour polluer lors d’un Grenelle de l’Environnement ?
Les raz de marées, ou les tremblements de terre sporadiques, se passaient de toute manière ailleurs.
Les propositions d’installation faisaient partie en ces temps-là du dernier gadget à la mode offert à tous ; allant de pair avec un savoir-faire éprouvé.
Il ne fallait plus en douter, l’industrie nucléaire contribuait en outre à rééquilibrer chaque jour une Balance Commerciale fortement malmenée par la conjoncture économique et par la toute récente crise des subprimes. Y renoncer, certains allaient même jusqu’à l’affirmer, équivaudrait à la fois à un non sens économique, financier et social.
Il y avait pourtant eu un avertissement quand la mer submergea la terre dans le Nord-Ouest. Mais à cette époque, nul ne s’émut de l’emplacement des principale Centrales puisque l’eau était indispensable au refroidissement du cœur des réacteurs.
Ainsi allait le monde ! Jusqu’au jour où…