Les amis de Georges Duhamel vous informent du décès du musicien de la nouvelle vague Antoine Duhamel
Les Amis de Georges Duhamel
et de l’Abbaye de Créteil
ASSOCIATION INTERNATIONALE
www.duhamel-abbaye-de-creteil.com
Nous avons le regret de vous annoncer le décès de notre président d’honneur,
Antoine Duhamel, survenu le 11 septembre 2014 dans sa 89ème année.
Ses obsèques auront lieu le mardi 16 septembre à 14h 30 à l’église de Valmondois.
Mme Elisabeth Duhamel 243, Rue Georges Duhamel 95760 Valmondois M. Mme Simon Duhamel 243, Rue Georges Duhamel 95760 Valmondois
Mort d’Antoine Duhamel, musicien de la Nouvelle Vague
Le compositeur Antoine Duhamel est mort à Paris, le 10 septembre. Il avait 89 ans. Né le 30 juillet 1925 à Valmondois (Val-d'Oise), fils de l’écrivain Georges Duhamel (1884-1966), il est mis très jeune à la musique par un père qui la pratiquait en amateur. Il fait des études musicales poussées à la fin de la seconde guerre mondiale, avec deux représentants essentiels de l’avant-garde, Olivier Messiaen et René Leibowitz. C’est donc muni d’une formation sérieuse de compositeur que Duhamel établit un catalogue d’œuvres extrêmement fourni qui compte de nombreuses compositions Symphoniques, concertantes, de musique de chambre et d’opéras.Mais c’est la musique qu’il écrit pour le cinéma, à partir du début des années 1960, qui lui assure une notoriété et le fait considérer comme « le musicien de la Nouvelle Vague ». Sa première collaboration d’importance est avec Jean-Daniel Pollet, pour Méditerranée (1963), mais, après quelques contributions pour la télévision (avec Claude Barma), c’est sa musique pourPierrot le fou (1965), de Jean-Luc Godard, qui le rend célèbre. Il travaillera à nouveau avec Godard pour Made in USA (1966) et Week-end (1966). Pour François Truffaut, il signe les partitions de Baisers volés (1968), La Sirène du Mississippi (1969), Domicile conjugal (1970) et L'Enfant sauvage (1970).
UNE LONGUE AMITIÉ AVEC BERTRAND TAVERNIER
Il s’associe ensuite à Bertrand Tavernier pour Que la fête commence (1975). Si la collaboration avec Truffaut avait frustré Duhamel (qui jugeait le cinéaste trop peu sensible à la musique), il trouve en Tavernier un fin mélomane avec lequel il va pouvoir travailler dans une parfaite symbiose et à qui le liera une longue amitié. Pour ce film en costumes, Duhamel change de registre et restitue un opéra inédit de Philippe d’Orléans, le personnage principal du film, qu’il orchestre et dont il dirige l’enregistrement à la tête d’un orchestre d’instruments anciens, La Grande Ecurie et la Chambre du Roy, de Jean-Claude Malgoire.
Bertrand Tavernier, que nous avons joint au téléphone, jeudi 11 septembre, se souvient : « Il est sidérant qu’à l’époque aucun critique n’ait remarqué l’extraordinaire importance de cette restitution ! Personne n’avait pris cela au sérieux, pas même le label discographique Erato, qui enregistrait beaucoup de musique ancienne et n’a pas voulu la graver… Antoine avait pourtant fait un travail d’un grand sérieux. »
Tavernier et Duhamel retravailleront à nouveau ensemble : « Pour La Mort en direct (1980), nous nous sommes vus, comme je le fais toujours avec mes musiciens, au début du projet, avant même que le scénario n’en soit achevé. En parlant des personnages, nous sommes tombés d’accord que nous n’utiliserions pas de cuivres, et seulement les cordes. Antoine était très fier de cette partition, qui est superbe. »
« UN MÊME AMOUR DU CINÉMA »
Duhamel est de l’aventure de Daddy nostalgie (1990), empreint d’une douce mélancolie, puis de celle de Laissez-passer (2002). « Dans ce film, auquel je tiens beaucoup, assure Bertrand Tavernier, Antoine avait fait un prodigieux travail de virtuosité, intégrant sa propre musique à un air des Pêcheurs de perles, de Bizet. Par le truchement de percussions ajoutées progressivement, sa musique supplantait celle de l’original. C’était stupéfiant. » Tavernier ajoute : « Antoine a fait un travail merveilleux pour tant d’autres cinéastes, Alexandre Astruc, Fernando Trueba, Patrice Leconte : la musique de Ridicule (1996) est formidable ! »
Duhamel souffrait parfois que sa musique soit coupée ou couverte par des bruits, comme ceux du train dans Laissez-passer. Mais, reconnaît Tavernier, « Antoine avait adoré comment Godard avait traité sa musique dans Pierrot le fou. Si je le compare avec mon autre compositeur d’élection, Philippe Sarde, je dirais qu’Antoine partageait un même amour du cinéma mais qu’il était moins sensible aux nécessités du genre et au montage. »
Toute sa vie, Antoine Duhamel souffrira d’être méprisé par le milieu de la musique classique. Pour Tavernier, « on a tort de bouder ses opéras,Lundi, monsieur vous serez riche (1969) et Ubu à l'opéra (1974) : ce sont de petits chefs-d’œuvres. »
En 1999, le Festival d’Ambronay et Musique nouvelle en liberté avaient eu l’heureuse idée de commander à Duhamel un Dixit Farouche (Le Monde du 23 septembre 1999), splendide motet dont le succès avait fait tant plaisir à son auteur.