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Les taxes et les impôts avaient encore augmenté. L’Euro qui devait être la pierre angulaire d’une fédération économique, fiscale et politique européenne n’avait contribué en fait qu’à l’appauvrissement général.
Cela s’était fait imperceptiblement, car le prix des biens d’équipements et d’habillement avaient décru pendant cette même période de manière spectaculaire. Donc beaucoup avaient d’abord cru que leur niveau de vie s’était notoirement amélioré. Mais cet équilibre précaire fut acquis au prix de la délocalisation du tissu industriel local vers les pays les plus pauvres, s’accompagnant de saignées drastiques dans le domaine social. Puis, forts de ces coûts minima de main d'œuvre obtenus ailleurs, des affairistes exigèrent que ceux-ci soient également appliqués au territoire national.
C’est alors qu’apparurent les ratiboiseurs.Ils se manifestèrent tout d’abord dans la fonction publique. Le capital forestier national ne fut pas épargné, ni la santé, et encore moins les hôpitaux… La crise n'était-elle pas un excellent prétexte ? L'on décida de taxer la bière, l'alcool des pauvres et des chômeurs. Suivrait sans doute le ticket de loto de deux euros qu'ils misaient chaque semaine à leur troquet favori. Ces derniers fermaient d'ailleurs par centaines. Mais ne fallait-il pas relancer l'emploi ? Les retraités qui payaient à taux plein leur mutuelle fiscalement non déductible, et aidaient bon an mal an leurs enfants, chômeurs dès cinquante ans et par ricochet leurs petits enfants, furent désormais désignés comme des nantis, et lourdement imposés. Mais ne fallait-il pas encore une fois contribuer à la relance de la consommation ? Les avantages sociaux des travailleurs furent considérés comme des privilèges exorbitants, d’un autre siècle. Et nombreux furent ceux qui vinrent même à prétendre que seul le Code du Travail était responsable de la crise et de la non compétitivité de l’économie. Ainsi, les stages à moins de deux mois d’activité augmentèrent de façon spectaculaire, puisqu’ils n’étaient pas payés. Et l’on vit même, dans l’indifférence générale, un reportage, où un employeur, possédant deux magasins, ne régler que six salariés sur les vingt-huit en poste, en toute légalité.
C’est ainsi que les voleurs exerçaient sur la place publique sans que nul n’en trouvât à redire, car cela était censé booster l’économie. Les journaux étaient donc édités sans journalistes. Le bâtiment et la restauration, pourtant prétendument vecteurs d’emplois fonctionnaient, sans employés. Les groupes du CAC40 ne payaient plus d’impôts, s’auto-exonéraient des charges patronales. Tous s’extasiaient du chiffre du chômage qui n’avait jamais été aussi élevé. Et surtout, un tiers des actifs nationaux, stagiaires, travaillaient sans être rémunérés.
Comment extraire l’eau du désert ?
Mais tous s’interrogeaient encore. Comment faire consommer cette population active sans rémunération, ou à rémunération réduite, et surtout comment lui faire régler des impôts que les Grands groupes rechignaient à payer ?
Alors se multiplièrent les sites de rachats de meubles, de livres, de vêtements : les derniers deniers, les derniers souvenirs de famille, transmis précieusement génération après génération. Enfin vint l’escroquerie finale, pour ceux qui ne possédaient plus rien : « la transformation de l’or en argent. » : l’alchimie ultime, le marché de dupes extrême.
29 septembre 2012