Alors que la chaleur aspirait goulument les dernières gouttes d'eau de mon jardin, j'abreuvai parcimonieusement mes plates bandes (plan d'économie des ressources naturelles faisant Loi). Alors que j'arrivais pour mon arrosage du soir, une petite grenouille vint à ma rencontre. Je subodorais qu'elle avait trouvé refuge sous le géranium contigüe au garage. Celui que j'arrosais encore plus généreusement que les autres tous les soirs, car il donnait sur la rue. Et je tenais tout particulièrement à ce qu’il continue à faire bonne figure.
Emue par cet accueil, et compatissante envers cet animal aquatique qui devait souffrir encore davantage que nous autres humains de cette vague de chaleur qui nous venait du Sahara, je gratifiai mon géranium d'une bonne giclée d'eau supplémentaire. Et pour faire bonne mesure, fit de même pour toutes autres les plantes de l'allée ; au cas où des parents proches de ma grenouille déshydratée ne viennent à pâtir, eux aussi, de ce déficit hydraulique.
Une amie férue de Backgammon me laissa sa fille pendant quelques heures. La conversation arriva sur ma grenouille. Mais nous eûmes beau la chercher nous ne la trouvâmes point ; bien que nous installâmes une petite piscine à son intention dans une assiette creuse.
Afin de l'occuper, je décidai de rempoter les géraniums qui se trouvaient à l'arrière de mon habitation, et fus à nouveau surprise de trouver dans le premier pot que je soulevai, astucieusement cachée, une autre grenouille, mais plus petite celle-là. Je m'abstins bien entendu de répandre sur mes plantes mon engrais pour géranium ; la préservation écologique de l'espèce s'imposant comme une évidence.
Dès lors, chaque jour, je veille à l'équilibre hydraulique de mes plantes extérieures, et suis assez convaincue d'avoir sauvé en cette occasion la vie de toute une fratrie de grenouilles.
Moi qui ne me suis jamais particulièrement intéressée à ces batraciens, je caresse maintenant l’idée d’installer dans un recoin de mon jardin... une petite mare.