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A Montpellier notre Lycée était vétuste et la plupart des professeurs surannés.
Je me souviens encore de notre professeur d’Anglais ânonnant avec un fort accent Français « Lillies of the valley ».
En histoire, au programme, il y avait la guerre des deux roses avec les Plantagenêt, prononcé avec l’accent du midi.
La salle de Sciences Naturelles ressemblait à un Cabinet de Curiosités. Le professeur avait, en guise de bureau, une grande table d’expérimentation. Ce qui me surprit fort, car au Bloc Scientifique du Lycée Gerville-Réache nous disposions de plus d’une dizaine de salles.
Je la classai parmi les professeurs dits-normaux, jusqu’au jour, où, n’ayant pas fourni d’effort particulier, mon 8 habituel se transforma en 16,50 ; j’avais tout simplement oublié de porter mon nom sur ma copie de contrôle.
Les cours de Mathématiques étaient chaotiques. Le professeur, souvent en retard, était toujours très énervé. Elle semblait nous reprocher de ne pas savoir compenser son manque de pédagogie.
En Français ma meilleure note était de 10/20. Ma mère agacée, et qui avait tout de même passé le concours de propédeutique me dicta ma rédaction mot à mot. Elle eut 3,5/20 : « Style vieillot et suranné ». Elle en conclut, car en tant qu’enseignante, car elle ne critiquait jamais les collègues, que « le niveau était vraiment, très, très élevé » et me laissa dorénavant finir en toute quiétude mes bandes dessinées. Un jour je l’entendis dire à ma grand-mère :« Vu les circonstances, elle fait vraiment de son mieux ».
En Latin, c’était encore différent, le professeur, quand elle interrogeait, comme personne ne levait la main, décidait de me faire subir un interrogatoire serré, sans que je ne lui aie rien demandé.
Cependant, il me fut dit, que l’année précédente, une élève, d’une île voisine de la mienne, avait raflé la première place. Elle était venue, en congé administratif, comme moi avec père, mère, frère et sœur.
Je m’imaginais, fort bien, le pauvre père, serinant toutes les leçons à ses rejetons, jusqu’à dix heures du soir passées et refaisant tous les cours, pour ne pas perdre une année. Bof ! Ma mère avait suffisamment à faire, et elle ne méritait pas cela.
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Je fus invitée au redoublement avec 9,34/20 de moyenne générale annuelle.
Le Professeur principal me prit à part :
_ Vous repartez à la fin de l’année ? Alors, pour vous rendre service, on pourrait voir si…
Ma réponse fut instinctive :
_ Oh ne vous en faites pas ! Je n’ai pas assez travaillé, mais je ferai mieux l’année prochaine.
Elle me regarda interloquée.
Quand je le narrai à ma mère, elle fût furieuse :
_ Tu aurais du m’en parler avant de lui répondre ainsi.
Ma grand- mère conclut :
_ Le péché d’orgueil te perdra un jour… je vais prier pour toi.
Mais il était écrit que cette année- là ne serait éclairée par aucune réussite scolaire, encore moins par un accomplissement spirituel.
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