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Elle venait de changer d’appartement afin de vivre dans un quartier correspondant mieux à son train de vie et surtout à ses fréquentations actuelles. Bien que plus petit, il était nettement plus moderne, donc plus facile d’entretien. En outre il répondait d’avantage aux nouvelles normes environnementales qui étaient progressivement mises en place par le gouvernement.
L’entrée était commandée par une clé et un digicode. Un hall orné de miroirs donnait une apparence cossue à l’immeuble. En le suivant l’on accédait aux deux ascenseurs et à l’escalier de secours ; permettant d’accéder aux étages et aux parkings. Ce qui la changeait fort de l’immeuble précédent qui ne possédait, lui, qu’un seul escalier.
Mais en quittant son précédent logement elle avait du se délester, chez les Compagnons d’Emmaüs, de nombreux objets meublants et autres bibelots, représentant tout le surplus qu’elle n’arrivait pas à caser dans les caves de ses fils ; dont l’imposante salle-à-manger ramenée de Tanger, qui se révéla trop encombrante pour les appartements parisiens des deux plus jeunes et pour la villa de Montmorency de son aîné. Il avait fallu qu’elle se sépare également des différents tableaux ou diverses croûtes qui couvraient jusque-là ses murs, afin de choisir des compositions plus épurées et surtout plus en adéquation avec son nouvel intérieur. Cela ne s’était pas fait sans un certain déchirement, car elle tenait énormément à tout ce fatras de meubles et d’objets, qu’elle avait chiné au fil des ans ; qui représentaient de nombreux souvenirs et étaient surtout chargés, il faut le reconnaître, d’une certaine charge émotionnelle. Ils lui rappelaient l’époque de son mari, quand il était encore vivant, et que leurs enfants partageaient leur toit.
Dans le nouvel immeuble, il avait plusieurs familles apparentées. C’est ce qui l’avait d’ailleurs encouragé à y emménager. Une supérette au rez-de-chaussée, ainsi que divers magasins, des restaurants et un marché aux fleurs, donnaient au quartier une ambiance assez animée, sans pour autant être bruyante ; les bruits de la rue étaient d’ailleurs étouffés par les rangées de platanes dont elle était bordée.
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