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Avant que la maladie ne le retienne alité, les après-midi, quand je n’avais pas classe, Bon-papa s’asseyait dans la berceuse de sa chambre. Je lui mettais alors une serviette sur les épaules, lui saupoudrais la tête de talc et ensuite, le coiffais. J’avais inventé, à cette époque, sans le savoir, le shampooing sec.
Je le faisais aussi longtemps que je le désirais. .Il était d’une patience infinie.
Mais quand ses cheveux commençaient à lui recouvrir la nuque, il se rendait chez le coiffeur dont l'échoppe se trouvait de l’autre côté de la rue.
Parfois il souriait dans sa moustache en se souvenant de certains épisodes de sa vie passée. Je l’invitai alors à me les raconter. C’est ainsi qu’un jour il me narra, qu’alors qu’il était encore jeune homme, par une nuit sans lune ; en se fourbissant d’une batterie de casseroles attachées par des ficelles, l’un de ses frères et lui ; tous deux accompagnés d’un domestique, avaient fait croire aux habitants de leur Commune, que la « Bête à Man Ibè », elle-même, était venue leur rendre visite ; frappant spécialement à certaines portes, et surtout se délectant des récits que les intéressés en faisaient le lendemain ; exploitant ainsi les superstitions populaires pour leur plus grand plaisir.
Surtout que, afin de rendre cette manifestation encore plus crédible, ils n'avaient point manqué de pousser, lors de leurs déambulations, moult cris et borborygmes ; en s'appliquant à inventer les plus bizarres que leurs bouches puissent émettre.
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