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16 juillet 2012 1 16 /07 /juillet /2012 18:20

Waterfall

 

                     Ma grand-mère maternelle, cassante de caractère, avec le visage de Miss Marple, et la coiffure aussi. Elle n’avait pas eu son Brevet d’étude, mais, son écriture était calligraphique et elle ne faisait aucune faute d’orthographe. Elle était très peu ménagère, mais commandait à merveille. La couleur de ses yeux variait selon ses toilettes du bleu, au vert ou  au gris. C’était une grande femme, mince et sèche, qui pouvait en deux mots vous tracer votre curriculum vitae, puis vous dicter la suite à y donner, dans votre intérêt. J’ai vu des gens verdir de rage, mais se maîtriser, et en fin de compte la remercier. Très pieuse, elle ne manquait jamais une messe ou une prière, et  s’habillait, de longues robes en indienne  pour la maison et en percale ou alpaga gris pour la messe. Elle portait toujours des chapeaux de circonstance, des bas gris, et ne sortait jamais sans un de ses parapluies de la couleur de ses tenues. Je ne lui ai connu aucun bijou, sauf des lunettes cerclées d’or.

 

Dès le début de son mariage, elle avait fait chambre à part ; estimant que c’étaient les gens du commun qui partageaient toute leur vie  le même lit et la même chambre.

 

 Comme de tradition dans ma famille, étant l’aînée,  elle devint ma marraine. Ce jour là, elle me dit avoir prié Dieu de m’enlever de suite, si je ne devais rien faire de bon ou «  mal tourner » (...)                 

 Elle nous demanda de l’appeler « Bonne-maman » et notre  grand-père « Bon- papa ». 

 

              Son père avait épousé en seconde noce, sa mère, sœur cadette et belle sœur de sa sœur décédée.                       

 

                Elle nous narra que sa mère était une femme de tête. En effet, le jour même de la mort de son mari, elle vendit une petite terre, qui lui fut payée au comptant -Il faut savoir qu’à cette époque-là, les gens gardaient leur argent chez eux et avaient fort peu confiance aux banques qui faisaient souvent faillite- Elle put ainsi régler deux ans de loyers d’avance sur toutes les terres louées.

Ce qui fit que, quand, lors de l’enterrement, de son mari, vingt quatre heures   plus tard, son propre frère aborda le propriétaire des terres qu’elle avait en location, et lui proposa :

_Maintenant que mon beau frère n’est plus, ma sœur ne pourra plus tenir ses engagements comme par le passé. Mais comme je suis de la même famille, et afin de ne point vous laisser dans l’embarras, je peux vous reprendre les propriétés que vous lui aviez confiées en location.

Le loueur put alors lui répondre :       

_Il est trop tard, votre sœur vient de me renouveler un bail de deux ans de plus que ce qui avait déjà été signé, et tout m’a été réglé au  comptant.

 

           En conséquence de quoi, pour leurs mariages, la mère  de ma grand-mère maternelle put doter, correctement, tous ses enfants, les filles et les garçons (...)

 

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