Depuis qu’elle savait aligner les mots, bien qu’elle n’ait que huit ans, elle écrivait tout et sur tout :
« Pépé est entré encore saoul. Il avait mouillé son pantalon. Mémé l’a lavé, couché puis lui a fait les poches ».
« Maman cache le reste de l’argent des courses dans un sachet gris au fond du seau à épluchures, elle met ensuite un sac par-dessus … »
« Papa a dit à la bonne que … »
Elle finirait par devenir chèvre à la suivre sans cesse pour détruire tous les mots qu’elle n’arrêtait pas d’aligner les uns à côté des autres sur tous les vieux papiers qui lui tombaient sous la main.
Vivement qu’elle grandisse et qu’on la mette en pension au Lycée de la ville.
Plus grande elle serait peut-être Gazetière dans une feuille de chou locale ; à moins qu’ils n’en veuillent pas, car les gens de cheu nous n’aiment pas les bavasseux.
Ils l’accepteront peut-être à Gala, Closer ou Voici ; dans un de leurs cancaneux qui ne faisaient que fouiller dans les poubelles des autres et que les gens de la ville achetaient pour se distraire.
(…)