Elle m’a dit :
Quand tu es partie en mil neuf cent soixante treize
Qui aurait pu supposer que tu ne reviendrais plus.
Tu as planté ta tente sous des cieux peu cléments.
Je me demande toujours comment tu peux y vivre encore.
Je te laisse une maison faite de tôles et de bois.
En montant au galetas si tu cherches bien,
Tu sauras les non-dits que je ne t’ai pas confiés.
Tu y dénicheras maintes parcelles de moi.
Dans le morne, au dessus de cette maison créole,
Deux hectares de terre te permettront de construire
De nouvelles maisons faites de tôles et de bois,
Pour toute une descendance que j’espère nombreuse.
Je t’y ai gardé aussi tous les meubles laissés,
Par ma marraine, ton arrière grand-mère.
Meubles sculptés, tout de mahogany et d’acajou massif
Comme je suis la marraine de ta fille, je les lui laisse aussi.
Cette maison est tout au fond d'une vallée perdue,
Tu pourras y écrire sans n'être nullement dérangée,
Cette terre de tes ancêtres tu te l’as réapproprieras.
Tu y réinventeras la vie que tu aurais eue si tu étais restée.
Les armoires sont pleines de draps en toile brodée,
Aussi n’apporte rien qu’une simple valise.
La même que tu avais quand tu nous as quitté
J'espère que tu seras là...avant que je ne m’en aille !