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8 août 2012 3 08 /08 /août /2012 15:34

 

 chien chat 

 

 

Je  suis assis dans la cour de la ferme et pleure car ils viennent de m’enlever mon animal de compagnie.  Quand je parle de ferme,  ce n’en n’est pas vraiment une. Mais peut-être un jour en a-elle présenté les caractéristiques ; quand les champs alentours étaient cultivés et mis en exploitation. Car, aujourd’hui, à part un jardinet rachitique qui sert uniquement à la consommation domestique, six lapins, quelques poules, deux chèvres, et une vache ; cela ne ressemble plus vraiment à une ferme. Bien que la maison où j’habite, que l’on nomme encore corps de ferme, jouxte la cuisine de l’habitation principale, que l’on peut caractériser, elle, de bourgeoise. Cette dernière est faite de matériaux nobles et est élevée sur deux étages ; et surtout elle  possède un jardin ombragé avec des bancs et des meubles ; pompeusement appelés salon de jardin. Et surtout  elle a été soigneusement restaurée au fil des ans ; alors que le bâtiment où je réside a été, lui, laissé dans son état d’origine.

 

Je me remémore encore du jour où j’ai choisi mon chaton ; issu d’une portée d’une chatte à laquelle nous avions l’habitude de donner des restes de petits déjeuners. Elle l’avait encore une fois abandonnée sur notre perron.  Six chatons braillards, dont les yeux n’étaient même pas encore ouverts. Avant que ma maîtresse ne se fâche et ne demande à la servante de noyer tout cela, j’ai pris les devants, et les ai proprement estourbis avant de les mettre dans un vieux puisard abandonné tout au fond de la cour. Mais auparavant  j’ai choisi un chaton, car je pense réellement que c’est du gâchis de noyer tous ces chats. Surtout que les mulots pullulent dans les champs alentour. Et comme je ne suis plus aussi habile qu’auparavant pour les attraper, il me fallait un chat.

 

Je m’en accommodais  fort bien. Il partageait mes repas et passait le plus clair du temps à mes côtés. Cela faisait bien plus d’un an que nous vivions ainsi ensemble.

 

Un jour j’ai surpris une conversation.

_C’est incroyable, il a tué tous les chatons et en a adopté un.

Je ne m’en suis guère soucié. Ils faisaient bien de temps en temps la même chose, lorsque l’une de leur connaissance leur réclamait un chaton.

 

Mais un jour ils m’ont enlevé m’ont chat. Une de leurs belles-filles de passage a décidé de me le prendre. Moi, j’estime que c’est de la discrimination. Car un jour l’hiver qu'il gelait dehors à pierre fendre, et que j’étais assis près de l’âtre, j’ai vu une émission à la télévision où ils  parlaient d’enfants enlevés à leurs parents pour les confier à d’autres. Ces derniers passaient tout le reste de leur vie à essayer de les retrouver. 

 

Maintenant j'estime que je suis vieux ; trop vieux pour entreprendre ce type de recherche. Alors les soirs de pleine lune ; période où ma solitude me pèse tout particulièrement,  j’aboie à la lune.

 

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1 août 2012 3 01 /08 /août /2012 09:57

Jade et confitures 004

Je suis une poule

 

  

 Oui en dépit de mon apparence je suis une poule, oui une poule.

 D’ailleurs si vous m’observez bien, vous vous apercevrez que je marche comme une poule. 

 

Car, aussi longtemps que je m’en souvienne, j’ai toujours vécu dans le poulailler avec mes mères les poules. Elles m’ont nourrie de leurs œufs et réchauffée sous leurs ailes. Et par-dessus tout, elles m’ont défendue becs et ongles contre tous les autres animaux de la ferme.

 

J’ai bu dans leurs bols d’eau claire, et ai partagé leurs granulés, ai gratté le sol à la recherche de vers avec elles, et comme elles je m’en suis nourrie. J’ai dormi dans leur paille.

 

Elles sont les seules qui se soient souciées de moi quand je me suis retrouvée seule. Elles m’ont entendu miauler dans un coin de la grange. Alors elles sont venues me chercher et je les ai suivies. Depuis ce temps-là, elles se sont occupées de moi.

 

Un jour, une dame a pris l’une de mes mamans. J’ai griffé et crié pour empêcher qu’ils ne l’emmènent, car, aux cris qu’elle poussait, j’ai su que je ne la reverrais plus ;  plus jamais. Ils ne m’ont pas écoutée, mais ils m’ont entendue, et ont paru surpris de me découvrir là. Je les ai entendus dire :  

_ Mais que fait ce petit chat parmi les poules ! Je ne l’avais jamais  vu auparavant. Il est vrai que  son pelage est de la même couleur que celui  des plumes de nos poules rousses. Elles l’auraient accepté car elles croient qu'il est l'une d’entre elles.

 

Ils croient que mes mères sont sottes. Bien sur qu’elles savent que je ne suis pas comme elles, sinon elles ne casseraient pas de temps à autre un de leurs œufs pour me nourrir.

 

J’ai cru qu’ils m’avaient oubliée, mais un jour ils sont revenus avec une dame. Elle m’a parlé gentiment. Elle m’a semblé aussi gentille que ma première maman ; celle d’avant les poules. Celle dont on a pris tous les petits, sauf moi. Car curieuse comme je le suis, je m’étais dirigée vers de drôles de bêtes qui gloussaient et caquetaient. Et j’étais parmi elles quand ils sont venus chercher mes petits frères et sœurs pour les mettre dans une grande bassine d'eau, afin de les laver... certainement... je crois.

Mais quand toutes les poules sont parties je me suis retrouvée seule. J'ai eu peur. J'ai eu faim. Et un jour elles sont revenues , et m'ont emmenée avec elles.

 

Ils ont maintes fois essayé de m’attraper. Mais toutes mes mamans m’ont protégée. Alors  ils n’ont pas insisté.

Un autre jour, la dame est revenue et m’a dit :

_Comme tu es jolie, je m’appelle Jacqueline. Si tu viens avec moi je t’appellerai Jade. Je n’ai plus de chat depuis que j’ai perdu Tania. Et si tu le veux bien, tu seras mon nouveau chat.

Comme c’était le moment du repas, l’une de mes mères a fait tomber l’un de ses œufs du perchoir afin que je me nourrisse. Alors Jacqueline a dit :

_Quelle solidarité entre les animaux. Et dire que nous croyons que les poules sont bêtes. Zut ! Je voulais dire idiotes. Maintenant je ne les verrai plus jamais de la même manière. Je crois même que je vais devenir végétarienne.

 

Qu'a-t-elle voulu dire par cela ?

 

Finalement ils m’ont attrapée, malgré les efforts de toutes mes mères.  Maintenant je vis dans une sorte de  grand poulailler, que je crois qu'ils appellent une maison, avec Jacqueline son mari et ses enfants.

J’ai appris à miauler, car je sais maintenant que je suis un chat, car de nombreux autres chats entrent et sortent de cette maison. Bien qu’ils aient tous d’autres maîtres, Jacqueline s’en occupe et les nourrit. Par exemple, ce petit chat noir tout pelé, qui vient de finir sa troisième assiette.

 

Je n’ose pas le lui demander, car je ne sais pas si cela est possible, mais j’aimerais que Jacqueline m’emmène de temps à autre voir mes mamans les poules…si elles sont encore là.

 

 

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