Elle m’avait promis des Reines Claude, mais m’avait prévenue que la saison était terminée,
Je m’attendais à une livre tout au plus, et même à rien du tout car disait-elle, la saison était passée.
Quelle ne fut pas ma surprise que lors d'une rapide visite, elle m’en laissa un panier d’au moins cinq bons kilos.
Je les triai, en trois lots : les éclatées pour les confitures, les plus mures pour une tarte et les autres pour la corbeille à fruits ; Paule avait bien spécifié qu’elles n’aimaient pas le froid et les garder à l’air ambiant était le mieux que l’on puisse faire.
Le temps de me retourner et le bol, réservé aux confitures, était dégusté par mon mari; à qui il fit le plus grand bien, au niveau digestif s’entend.
Donc je ne fis point de tarte mais une confiture fort goûteuse avec les Reines Claude réservées à la tarte.
J’en offris un bol des plus belles, comme je l’aurais fait de truffes, avec des airs de gourmet averti, à ma plus proche voisine, que mes travaux de véranda avaient certainement dérangée, bien qu’elle prétendit le contraire.
Nous dégustâmes les prunes restantes, sans nous en rendre compte, comme des friandises naturelles, du temps où les bonbons acidulés ne les avaient pas encore supplantées.
Un autre jour, invitée à déjeuner chez Paule, nous allâmes au fond du jardin, et elle m’offrit à nouveau des Reines Claude.
C’était décidé cette fois il y aurait une tarte. Je fouillai mon placard, à la recherche de poudre d’amande pour en tapisser le fond, comme me l’avait conseillé Paule, mais n’y trouvai qu’un produit largement périmé. Qu’à cela ne tienne, je le remplaçai promptement par une pellicule de ma confiture de Reines Claude, qui fit un fond parfait.
Je la servis lors d’un repas où j’avais invité une amie que je n’avais point revue depuis au moins cinq ans.
Ma fille qui ne mangeait que rarement de la pâtisserie maison, s’en réserva la dernière part.
Les mois d’Août m’étaient généralement indifférents.
Mais c’était avant les Reines Claude de Paule.
Dorénavant ce mois rimera avec Reines Claude et j’attends impatiemment la saison prochaine, afin de pouvoir déguster à nouveau les Reines Claude de Paule.