Vous avez dit progrès ! Pour qui vous prenez-vous ?
Aujourd’hui je me promène devant la Préfecture de Cergy-Ville-Nouvelle. Structure justement nouvelle, donc neuve s’entend pour le peu de temps qu’elle est construite.
Horreur ! J'ai le nez par terre pour ne pas tomber, parce qu’il y a des trous.
C’est laid, c’est sale, désolant.
Pourtant au départ il y avait un effort d’imagination pour l’assemblage des pavés façon mosaïque.
Je ne peux pas m’empêcher de faire un retour en arrière, en pensée, vers une station au bord de la mer. Là, tout au long de la digue, il y a depuis de nombreuses années, au moins un siècle. Toute une digue pavée, livrée aux intempéries rageuses, aux vagues, au vent, et toujours impeccable malgré les millions de pas qui l’ont foulée. Une digue parfaitement façonnée par le talent des compagnons, pour qui le progrès ne remplace pas le talent créateur, pour qui le talent n’a d’égal que la perfection du travail bien fait.
En levant la tête je regarde la Préfecture, seule restée digne depuis sa construction. Mais autour, un peu plus loin, les immeubles d’habitation aux façades décorées de dégoulinures ; outrages des intempéries.
Vous avez dit progrès ! ...
Nos vieilles et anciennes bâtisses sont plus belles parce que conçues au-delà du progrès par de merveilleux architectes.
Je continue ma promenade derrière la Préfecture en m’engageant vers le Parc. Il est beau, vaste, bien dessiné. On y vient pour respirer l’air pur, rêver et deviser avec ses amis.
En piquant du nez vers les bassins artificiels, dont certains ont une forme de canaux. Horreur ! Une eau stagnante, sale, noirâtre, où ne se baignent plus que les feuilles mortes. Nous sommes en automne, triste décor dans un endroit qui aurait pu être idyllique.
Je m’en reviens déçue, en colère. Je repousse l’idée de gâchis, l’idée de progrès. Je me pousse vers la sortie. Je m’en vais rêver dans mon jardin sauvage. Lui au moins c’est voulu. Il a son charme.
Après tout c’est peut-être moi qui ai besoin de faire des progrès ?
LA GRINCHE