26 août 2012
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Alors que la chaleur aspirait goulument les dernières gouttes d'eau de mon jardin, j'abreuvai parcimonieusement mes plates bandes (plan d'économie des ressources naturelles faisant Loi). Alors que j'arrivais pour mon arrosage du soir, une petite grenouille vint à ma rencontre. Je subodorais qu'elle avait trouvé refuge sous le géranium contigüe au garage. Celui que j'arrosais encore plus généreusement que les autres tous les soirs, car il donnait sur la rue. Et je tenais tout particulièrement à ce qu’il continue à faire bonne figure.
Emue par cet accueil, et compatissante envers cet animal aquatique qui devait souffrir encore davantage que nous autres humains de cette vague de chaleur qui nous venait du Sahara, je gratifiai mon géranium d'une bonne giclée d'eau supplémentaire. Et pour faire bonne mesure, fit de même pour toutes autres les plantes de l'allée ; au cas où des parents proches de ma grenouille déshydratée ne viennent à pâtir, eux aussi, de ce déficit hydraulique.
Une amie férue de Backgammon me laissa sa fille pendant quelques heures. La conversation arriva sur ma grenouille. Mais nous eûmes beau la chercher nous ne la trouvâmes point ; bien que nous installâmes une petite piscine à son intention dans une assiette creuse.
Afin de l'occuper, je décidai de rempoter les géraniums qui se trouvaient à l'arrière de mon habitation, et fus à nouveau surprise de trouver dans le premier pot que je soulevai, astucieusement cachée, une autre grenouille, mais plus petite celle-là. Je m'abstins bien entendu de répandre sur mes plantes mon engrais pour géranium ; la préservation écologique de l'espèce s'imposant comme une évidence.
Dès lors, chaque jour, je veille à l'équilibre hydraulique de mes plantes extérieures, et suis assez convaincue d'avoir sauvé en cette occasion la vie de toute une fratrie de grenouilles.
Moi qui ne me suis jamais particulièrement intéressée à ces batraciens, je caresse maintenant l’idée d’installer dans un recoin de mon jardin... une petite mare.
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28 juin 2012
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http://www.marionnettes-poupees.com/marionnettes-d-auteur/
Les illusions qui l’avaient accompagné tout au long de sa vie, lui avaient longtemps complaisamment tenu la main ; comme une amie fidèle, qui le rassurerait ; lui promettant, l’assurant de lendemains meilleurs. Mais depuis qu’il avait décidé de s’en défaire, d’éliminer tous les faux-semblants, il se contemplait maintenant dans toute sa nudité réelle, et se voyait comme il était vraiment ; un pantin désarticulé et pitoyable.
Toute la crudité de son moi vrai, eut l'effet d'une gifle violente, qui le laissa titubant et groggy ; comme un boxeur qui aurait livré son dernier combat ; disputé son dernier round.
La chaleur moite et humide de ce jour d’été caniculaire, lui tomba brutalement sur les épaules et étreignit son corps en un corset oppressant ; vidant ses pores de rigoles de sueur odorante ; coulées de sève dérisoires; expurgeant un moi essoré.
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10 avril 2012
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Claudiquant, elle trainait le chariot de tous ses instruments de technicienne de surface. Bientôt, elle aurait suffisamment économisé pour créer sa propre petite entreprise.
En effet, chaque soir, elle était une élève assidue d’une Association, qui dispensait des cours de gestion et de Comptabilité. Elle y avait également appris à maîtriser le fonctionnement du tableur ainsi que du traitement de texte.
Encore quelques chariots à acheter, et d’ici un an ou deux, elle prendrait deux employés et pourrait ainsi s’attaquer aux sites industriels plus importants et peut-être dans cinq ans aux tours de La Défense.
Pour l’instant elle dormait dans une soupente, sous un escalier de l’immeuble des Lilas ; tolérée car faisant fonction de femme de ménage pour la copropriété ; dans ce vieux bâtiment délabré du Centre ville qui avait connu des jours plus fastes ; économisant ainsi chaque euro pour son rêve à venir.
Car elle n’avait jamais oublié les préceptes que sa grand-mère lui avait inculqués :
« Quelque soit ta place dans la Société, essaye toujours d’envisager pour demain un avenir plus faste ».
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8 avril 2012
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Depuis qu’elle savait aligner les mots, bien qu’elle n’ait que huit ans, elle écrivait tout et sur tout :
« Pépé est entré encore saoul. Il avait mouillé son pantalon. Mémé l’a lavé, couché puis lui a fait les poches ».
« Maman cache le reste de l’argent des courses dans un sachet gris au fond du seau à épluchures, elle met ensuite un sac par-dessus … »
« Papa a dit à la bonne que … »
Elle finirait par devenir chèvre à la suivre sans cesse pour détruire tous les mots qu’elle n’arrêtait pas d’aligner les uns à côté des autres sur tous les vieux papiers qui lui tombaient sous la main.
Vivement qu’elle grandisse et qu’on la mette en pension au Lycée de la ville.
Plus grande elle serait peut-être Gazetière dans une feuille de chou locale ; à moins qu’ils n’en veuillent pas, car les gens de cheu nous n’aiment pas les bavasseux.
Ils l’accepteront peut-être à Gala, Closer ou Voici ; dans un de leurs cancaneux qui ne faisaient que fouiller dans les poubelles des autres et que les gens de la ville achetaient pour se distraire.
(…)
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28 mars 2012
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Il avait hésité. Ce n’était qu’une vague connaissance. Mais tout de même ! Les gens étaient de plus en plus pingres de nos jours ! Il avait été surpris qu’à l’enterrement de sa grand-tante ; elle qui s’était tant dévouée pour la communauté, qu’il n’y ait pas eu la moindre couronne ; uniquement quelques ternes bouquets rachitiques. Alors au diable l’avarice. Il avait choisi une magnifique composition blanche. La mère de la petite serait touchée.
Comme il était sur le point de payer, il se ravisa et demanda :
« Ajoutez-y un bandeau.»
Cela lui coûterait un peu plus cher, mais tant pis.
La cérémonie avait déjà commencé ; le son de l’orgue résonnait sous la voute, mais les pompes funèbres semblaient en retard.
Il se dirigea vers l’hôtel, afin d’y poser la couronne.
De somptueux bouquets blancs débordaient des vases.
Soudain, il entendit le son d’une marche nuptiale et leva les yeux. Un vieux beau tenait amoureusement par le bras une jeunette, qui ne semblait pas être sa fille.
Surpris, il tenait encore à bout de bras ; comme une offrande vers la mariée, son énorme couronne de lys blancs, barrée de magnifiques lettres dorées :
« Nous enterrons un ange. »
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22 février 2012
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Les premiers mots qui me viennent à l’esprit quand je me remémore cette question sont pourquoi pas ? En effet, pourquoi pas ! Pourquoi toujours essayer de trouver un sens à tout, à tort ou à raison ? Surtout si quelqu’un de mal intentionné se sent autorisé à vous demander : « Mais pourquoi donc ? » Et quand hésitante vous essayez de plaquer une cohérence à ce qui n’est qu’instinctif, ou simplement irraisonné. Vous vous embrouillez dans des explications bancales, bafouillez ; vous livrant à une introspection brutale à laquelle vous renverra ce : « Mais pourquoi donc ? »
Epargnez-vous dorénavant tous ces errements culpabilisants, et répondez tout simplement : « Et pourquoi pas ? » Vous clouerez ainsi le bec aux importuns ; les renvoyant par là-même à leur propre vacuité.
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20 février 2012
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La nuit avait été longue. Ils avaient tous hurlé et chanté à tue-tête. La lueur blanchâtre du petit-jour les surpris. Sur le comptoir des bouteilles renversées et vidées semblaient les fantômes tristes de quelque pantomime oubliée. Les tabourets éparpillés et les lanternes encore allumées donnaient à la salle une allure fantomatique de fin de bal champêtre. La lueur sur les vitres laissait entrapercevoir la lumière rosée et timide du petit jour naissant. Le silence qui s’était tout à coup abattu sur la salle rappela à chacun des obligations pressantes. Et tous se quittèrent furtivement comme les conspirateurs d’un complot avorté.
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2 janvier 2012
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Un jour j’ai acheté un arbre
Un vraiment très petit arbre
Je lui ai chuchoté des petits mots d’arbre
Il m’a dit ne pas être un arbre à palabres
Comme j’avais en main un canif il l’a pris pour un sabre
Il a plié son tronc, croisé ses toutes petites branches d’arbre
Et m’a dit : « Si je suis comme toi me tueras-tu ? »
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15 décembre 2011
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9 juillet 2011
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Quand ma muse s’est présentée, je ne l’ai pas reconnue ; aussi je lui ai tourné le dos. Mais elle a insisté, et je lui ai dit :
« Vas-t-en ! ».
Elle m’a regardé et souri.
Alors je l’ai invitée à s’asseoir puis ai pris une feuille de mon bloc et ai fait des pattes de mouche. Elle a ri aux éclats et suggéré :
« Peut-être dessiner est votre talent premier ? ».
Je lui ai répondu :
« Pourquoi pas ? »
Depuis ce temps-là, j’accompagne la poésie, illustre de mes gribouillis les vers des poètes, suit les prosateurs, les fais rire, les inspire. Mon expression poétique s’exprime, elle, par le dessin à l’encre de Chine, à la sanguine.
Un jour pourtant je me suis aventuré à écrire un mot, suivi d’autres qui se faisaient des pieds de nez. Je les ai regardés surpris. Ils finirent même par se battre et je m’aperçus alors que je faisais des oxymores :
« L’affreuse beauté du végétalien cannibale hante mes joies d’une affreuse tristesse et sur le rebord du centre, je m’en vais en un retour fier et honteux d’une certitude incertaine qui marque de manière éphémère ma mémoire oublieuse. »
Chantal Sayegh-Dursus©Propriété Intellectuelle Sécurisée (Extrait de La fuite des âmes)
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